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Le maquis de Picaussel

             Nuit du 15 au 16 mars 1943.                                             

Avion de parachutage 
"Handley Page Halifax"Avion de parachutage "Handley Page Halifax"

  

  Joseph Plantier 24 ans agriculteur et débardeur à Lescale raconte « Par une nuit du mois d’avril je venais de St. Jean de Paracol voir ma fiancée. Je rentrais en vélo vers 2 h. du matin et avant de rentrer à Lescale, au lieu-dit La Fourmie, je me suis arrêté et assis sur le parapet du petit pont pour me reposer un peu.  Il faisait un clair de lune comme si l’on était en plein jour. Soudain j’ai entendu le bruit d’un avion qui passait et repassait au-dessus de Lescale. Intrigué je me demandais ce qui se passait. Bientôt je m'aperçus que cet avion lâchait des parachutes au sud-est de Lescale sur les pentes rocheuses du versant de la Malayrède. »

 

   

 
Versant du hameau de La Malayrède ou de la Barte. 
Photo prise par le S/P de Limoux le 10 février 1946 ( A.D. de l'Aude)Versant du hameau de La Malayrède ou de la Barte. Photo prise par le S/P de Limoux le 10 février 1946 ( A.D. de l'Aude)

 

 

 

François Deloustal

22 ans agriculteur et bûcheron à Lescale, lors de l'inauguration de la plaque commémorative de l'incendie de Lescale le 1 août 1999, en réponse au Préfet,  dit

« nous avons été  intrigué par cet avion en rentrant avec des camarades de Puivert vers minuit

1 heure du matin qui larguait quelque chose ».

                                                    

 

A l'aube du 16 mars

 

Joseph ne s'est pas couché et à l'aube est allé voir son ami Joseph Lebret et ils sont allés sur les lieux.

Avant l'aube François Deloustal  était  aussi sur place avec quelques camarades. «  Nous avons camouflé quelques postes émetteurs et pistolets et ensuite nous avons dû nous faufiler car les Allemands arrivaient ici. »

Joseph  dit, après avoir constaté qu'il s'agissait d'un parachutage d'armes et de munitions, « nous avons décroché les parachutes et nous sommes redescendus à Lescale pour apprendre que le parachutage avait été signalé à la commandature allemande à Carcassonne et que les allemands allaient arriver dans 1h. environ. Alors ils ont repris le chemin pour camoufler ce qu'ils pouvaient. Ils ont ouvert 4 des 8 containers et caché leur contenu. Les Allemands pendant ce temps étaient arrivés à Lescale et réquisitionnaient plusieurs personnes pour les accompagner.

Joseph Plantier poursuit « Le temps pressait car les Allemands étaient en route, pendant que nous nous cachions toujours. Bien entendu les 4 autres containers nous n’avons pas eu le temps de les cacher.

Voyant que les allemands n’étaient pas loin nous nous sommes sauvés vers la Malayrède et Picaussel pour éviter d'être pris.»

 

Les jours et les mois suivants:

 

Les allemands recherchèrent le matériel dissimulé et pour se faire interrogèrent, accusèrent et menacèrent de sanctions très sévères les gens de Lescale et de la Malayrède.

Malgré  cette intervention, les jeunes gens de Lescale ont permis à Lucien Maury, alors instituteur au hameau et prisonnier évadé et avec lequel des relations de confiance s’étaient instaurées,  de récupérer l’essentiel caché de ce parachutage. Matériel destiné en fait  à la Résistance du secteur de Quillan avec laquelle Lucien Maury avait pris des contacts.

 « 3 postes émetteurs, 54 revolvers, 20 kg d'explosif et artifices divers  détonateurs, mèche lente » nous dira Lucien Maury dans son livre.

Joseph Plantier nous dit «  A compter de ce jour nous nous sommes vus quotidiennement ; m’avouant qu’avec l’aide de son collègue Marius Olive de Puivert, lieutenant de réserve et instituteur à Rivel, ils avaient l’intention de créer un maquis à Picaussel »

Émergent aussi d'autres personnes, Marius Olive cité ci-dessus, Emile Peyre restaurateur à Puivert, Joseph Arnaud combattant de 14-18  maçon à Puivert.

 

Le secteur J ( Puivert-Chalabre-Limoux ) de l'Armée Secrète des MUR (Mouvements unis de Résistance) est créé.

Chef: Lucien Maury alias Frank, Chef-adjoint : Marius Olive alias Simon.

 

 Recrutement et liaison à Puivert, Chalabre, Sonnac, Rivel, Sainte-Colombe, Espéraza et à Lescale dont les familles sont des points d'hébergement, de contact et de ravitaillement.

Les groupes constitués seront instruits sur le matériel récupéré.

 

Marius Olive crée le premier Maquis AS du secteur J à la ferme de Roudiès (région de Chalabre). Une trentaine de réfractaires du STO (Service du Travail Obligatoire), sans grands moyens . Ce maquis  dispersé en janvier 44 à la suite d'une dénonciation rejoindra le maquis de Picaussel ultérieurement.

 

Fin 1943 la Gestapo soutenue par un détachement de l'armée allemande intervient sur le plateau de Sault, à Puivert, à Rivel. Des hommes sont arrêtés à Camurac et sur le plateau, ils seront déportés et ne reviendront pas, d'autres échapperont mais devront se cacher.

Janvier 1944 

Extrait du discours de Marius Olive le 1 août 1999

«  Dans les premiers jours de janvier 1944 nous recevons une nouvelle mission : organiser les parachutages.

Pour cela il faut un terrain et une équipe de réception. Le site de Picaussel loin de toute habitation, protégé par les forêts qui l'entourent convient parfaitement;  il est  retenu et homologué. Les terrains, situés sur le territoire de la commune de Belvis appartiennent au habitants de Lescale , qui vu l'éloignement du hameau y ont construit des granges pour abriter les troupeaux, et les récoltes. Les jeunes gens de Lescale font évidemment partie de l'équipe de réception. »

 

- 21 février 1944 : Lucien Maury et Marius Olive échappent à la Gestapo, entrent dans la clandestinité où ils continuent leur mission.

 

-15 mars 1944 : Parachutage de matériel à Puivert 800 mètres au Nord- Est du village, le chef de mission est Lucien Maury

 

10 avril 1944. Parachutage à Picaussel de matériel et de l'équipe Amédée du Bureau Central de Renseignement et Action d'Alger,   elle comprend un chef et trois opérateurs radio (dont François Le Berre alias Stéphan). Le chef de mission est Marius Olive.

 Dans un premier temps ils seront hébergés à Lescale, Emile chez Joseph Plantier, Amédée et François Le Berre chez François Moulard gendre de Batistine Bigou. Ils se réfugieront ensuite dans la grotte. François Le Berre alternera son temps passé dans la grotte, de courts séjours chez Batistine. Pour plus de détail sur l'hébergement voir le tome 2 de La Résistance Audoise. 

 Joseph Plantier raconte« Nous voilà arrivé au mois d’avril Lucien Maury, Marius Olive et Emile Peyre ont quitté leur résidence, abandonné leur poste d'instituteur et  sont  entrés en résistance.  A partir de ce jour ils ont été recherchés par la Gestapo et vu les risques  qu'ils encouraient, ils se sont cachés pendant quelques temps chez des amis. ».

Marius Olive dans son discours du 1 août 1999.

« L'assassinat d'Emmanuel Peyrade, et l'arrestation de son fils Adrien du hameau de Campmarcel par la Gestapo rendent notre présence à Lescale trop dangereuse pour les habitants de Lescale et les membres de la mission : seule solution quitter le village »

Joseph Plantier et Marius Deloustal leur indique une grotte au sud et à 800m  du village

 

La grotte du Saut de la BourriqueLa grotte du Saut de la Bourrique

Le 12 avril ils installent un poste de commandement dans la grotte du Saut de la Bourrique que nous découvrons maintenant en parcourant le sentier du maquis.

Marius Olive poursuit : « Les membres de la mission avec l'aide de l'équipe de réception ont rejoint leur affectation. La grotte va devenir le poste de commandement clandestin dont le ravitaillement sera assuré gratuitement par les habitants de Lescale.  Les membres de l'équipe de réception, forment un groupe de protection et d'agents de liaison "

 

Personnels: Marius Olive, Emile Peyre, Lucien Maury, Joseph Arnaud, François Le Berre alias Stéphan parachuté le 10 avril, qui restera à la disposition du maquis de Picaussel de bout en bout. 

Agents de liaisonJoseph Lebret, Jean Carbou, Joseph Plantier, François Deloustal, Louis Vidal, Antoine Bigou, François Moulard, tous du hameau de Lescale assurent le ravitaillement de ce premier noyau de Picaussel . Dès cet engagement de résistance les familles de ces agents, la famille de Jean Pic et ses délicieux pots de haricots, se sont mobilisés pour assurer sa survie.

 

Dans son témoignage Suzanne Bennes épouse Deloustal précise que le rendez-vous pour le ravitaillement se faisait au bord de la rivière dans un champs de maïs permettant ainsi de se camoufler. Elle écrit

" mon mari Marius appelé au STO en juin 43 profita d'une permission pour raison de santé, rentra chez lui et prit le maquis en mai 1944 où il séjourna dans une grotte. D'autres s'y rallièrent, furent ravitaillés par des parents puisque le village n'était pas loin, pour cela ils se faufilaient dans les taillis pour arriver au point de rencontre."

 

13 avril 1944 La Gestapo est aux aguets, à Campmarcel  Emmanuel Peyrade, ancien de 14-18 sera abattu car il tentait de fuir et son fils Adrien sera arrêté et mourra en déportation. 

 

15 avril 1944 :

Lucien Maury assure l'accompagnement à Toulouse du radio Emile et de ses postes parachutés le 10 avril pour le DMR 4.

 

- Avril

A la demande de Lucien Maury la famille de J. Plantier logera et nourrira un couple et leur bébé. Le mari dit « ingénieur sur le front méditerranéen »  ne restera que quelques jours  mais la femme et le bébé  y resteront jusqu'à l'incendie du village.  « Nous risquions à tout moment la peine de mort mais on ne s'en rendait même pas compte » nous dit Joseph Plantier.

 

 Fin avril

 Joseph Plantier sera arrêté et questionné pendant 2 heures  au Centre de Puivert. «  Ils m'ont demandé où se trouvaient Lucien Maury et Marius Olive et que je le savais, en effet je le savais car ils étaient dans la grotte et on les ravitaillait tous les jours. » « Enfin manque de preuves ils m'ont relâché,  ouf ! si j'avais paniqué et que j'avais avoué; c'était la fin pour tous ».

 

-23 mai 1944

Les Allemands sont à la recherche des maquisard- bucherons du maquis FTP de la ferme du Roudiés dans la forêt, secteur S/E de Montjardin- Chalabre. Auguste Cathala 19 ans emmené de force pour leur servir de guide sera assassiné.

 

 

Le camp  de Picaussel et son environnement :

Il est situé à la pointe du plateau  de Sault à une altitude moyenne de 900m en surplomb du hameau de Lescale à  la reculée  du Blau formée   par le massif du Trabanet (1051m)  à l'est, par le Pic du Minier (1108m). à l'ouest et par son débouchée dans la plaine de Puivert (494m ) au nord.

Des forêts de sapins  en constituent l'écrin, au fil du temps elles ont évoluées en fonction des besoins en bois ou en espaces agricoles.  La prise de vue aérienne de l'IGN en 1942 mission Lavelanet - Quillan précise son boisement et les espaces permettant la définition de la zone de parachutage et de l'établissement du camp favorisé par la présence des métairies. ils s'agit de petites construction en murs de pierres permettant, l'hébergement des cultivateurs et des bûcherons  de Lescale au cours des longues journées de travail ainsi que  le stockage des matériels. 

 

 

        Une métairie  Une métairie

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 - 6 juin 1944

 Ouverture du camp de Picaussel (forêt de Picaussel) et création officielle du maquis de Picaussel

 Commandement: Chef Lucien Maury alias Frank

 Chef-adjoint Marius Olive alias Simon

 

Le poste de commandement : est hébergé dans la métairie de la famille Louis Vidal habitant de Lescale

 

 A  partir  du 6 juin 1944 les troupes de l'Armée secrète du secteur Puivert-Chalabre-Limoux déjà constitué depuis mars 1943, rallient le camp au fur et à mesure des possibilités d'armement déjà reçu antérieurement au 6 juin et parachuté ensuite au cours de juin, juillet août 1944.

 

Arrivée d'isolés du secteur J et de l'extérieur parmi lesquels Julien Carbonneau et Armengaud tous deux venant de l'ORA  ( Organisation de résistance de l'Armée) et jusqu'alors inconnu du chef du secteur et de son adjoint.

 

10 juin 1944:

Attaque d'un camion allemand sur la RN 117 entre le col de la Babourade et Bélesta (action conduite par Raymond Sarie)

 

15 juin 1944

Enlèvement du poste de guet d'Alaigne avec la complicité des aviateurs français qui rejoignent Picaussel avec leur matériel.

 

10 juillet 1944

Réception d'un parachutage massif sur Picaussel

 

 14 juillet 1944

Les maquisards défilent dans Puivert. Marius Olive commande le détachement

 

 

 

Un autre détachement devant la mairieUn autre détachement devant la mairie

 

 Le détachement de Marius Olive Le détachement de Marius Olive

 

 

 

 

 

 

 

 

 

                                                                     Ces Photos proviennent de l'Amicale des Anciens du Maquis de Picaussel . Elles ont été publiées dans la presse  commentant en août 1994, sous le titre "La forêt de la liberté" , l'inauguration le 7 août 1994 du mémorial du Maquis sur le plateau  de Picaussel.

 

 17 juillet 1944

Enlèvement d'un dépôt d'armes à Narbonne (1 fusil mitrailleur, munitions, grenades et mines anti-char) Chef de mission Marius Olive

 

21 juillet 1944

Capture d'un soldat allemand au col de la Babourade ( mission Arréco)

 

25 juillet 1944

Blocage de Quillan pendant les interventions chirurgicales sur les blessés de Picaussel par suite de l'explosion d'un mortier de 50 ( 5 tués 11 blessés) Mission Julien Carbonneau (alias Albert) Clinique Dexonne

 

  27 juillet 1944

Embuscade dans les gorges de Cascabel ( en amont d'Alet) contre un convoi de miliciens qui essuie des pertes sensibles, 1 mort, 13 blessés) Mission Guy David alias Dabignaud.

 

1 août 1944

Recueil du détachement Léopol ( Nizet) de Montolieu à la suite de la dispersion du maquis de la Montagne Noire le 20 juillet 1944

 

3 août 1944

Accrochage à Limoux avec une colonne allemande pendant l'enlèvement de dépôt de tabac

 ( pertes ennemies inconnues- pertes amies 2 blessés de Picaussel, 2 passants de la ville tués par les Allemands ) Mission Julien Carbonneau ( alias Albert)

 

 6 août 1944Extrait du discours de Marius Olive le 1 août 1999

"Un fort détachement de la 11iem. Panzer s'installe au col de la Babourade et lance plusieurs groupes de reconnaissance en direction de Puivert et de Lescale." Dans un premier engagement entre 11h et 12h sera  tué le jeune Auguste Escriva qui faisait partie  d'un groupe de FTP (Francs tireurs et partisans ) hébergé la veille à Belvis, qui regagnait l'Ariège en camion conduit par M. Sicre maire de ce Village, les autres membres du groupe se dispersent et Sicre rejoindra Picaussel, très ému.

Dans un deuxième engagement deux jeunes de Lescale Jean Carbou et Joseph Lebret en mission de reconnaissance du maquis de Picaussel  tomberont vers 16h30  dans une embuscade, le long de la route départementale N° 18 au lieudit le Capella 800m au nord de Lescale et seront tués. Leurs deux camarades Marcel Tichadou et Bailly présents dans la voiture du groupe parviennent à se dégager et regagnent le camp en passant par Lescale.

 

Quatre témoignages suivent:

           

-          Suzanne Bennes épouse Deloustal

"Ce dimanche 6 août jour de la St. Etienne c'est la fête votive de Lescale, les festivités étaient interdites seules les manifestations religieuses avaient lieu.

En sortant de la messe, avant midi, les premiers tirs sont entendus au col de la Babourade. Les premières craintes arrivent et les jeunes descendus du maquis pour aider aux travaux remontent vite. L'après- midi, à la sortie des vêpres c'est le comble, Paul Carbou le frère de Jean rentre vite pour dire que des tirs intempestifs sont entendus au "Capella ", là où se dresse la stèle. Le curé Latorre et quelques femmes montent à travers champs, deux blessés  descendent pour appeler au secours et avertir qu'il y avait deux morts sur la route. Pas de trace des assaillants. Les maquisards sont arrivés armés, se sont occupés des blessés qui ont été transportés dans une grange des Carbou, l'un était touché à la jambe et l'autre moins atteint. Ils ont été soignés par le docteur Baradat et M. Mouton pharmacien à Carcassonne ".

 Les bénévoles de Lescale sont allés voir les morts. Jean Carbou et Joseph Lebret gisaient sur la route. Le premier touché à la tête et l'autre à la poitrine. Jean Carbou a été transporté chez lui sur un lit mortuaire, mais Jéjé, comme on l'appelle,  a été placé sur une table, il était de                    l' Assistance Publique et sa mère adoptive Candide Reynaud était âgée.

Plusieurs habitants  tous en émoi sont partis et ont passé la nuit en dehors du village."

 

-          Gaston Maugard écrit.

Le dimanche "fête de Lescale" "j'ai mangé dans la bergerie Vidal, j'ai partagé mon pain et mon saucisson avec Jean Carbou et Joseph Lebret 

Il est redescendu du maquis en passant par Lescale, en arrivant au Christ (300m de l'église)  il a observé des tirs d'allemands  provenant de la route en lacets à proximité du Capella. et tirés d'en haut sur la petite voiture.  

Il  a  avisé Mme Pic et Mme Carbou qui sortait de l'église vers 16h.  Croquis à l'appui. 4 personnes dans la petite voiture.

 

-          Marguerite Bennes épouse Ratouin

 est descendue en début d'après-midi jusqu'à Campmarcel pour chercher du lait à Campsaure dans la voiture des maquisards. Ils se sont donnés rendez-vous et elle est remontée avec eux. La voiture s'est arrêtée à Lescale et  elle a pu assister aux vêpres.

 

-           Marie- Jeanne Bigou épouse Moulard 

 Adresse un long compte-rendu le 9 février 1994 à Monsieur Pierre Jourda Maire de Puivert.

"Marie Laffite  de la Métairie du Sourd  a aperçu un groupe d'hommes montant à flanc de coteau vers la route en lacets qui mène au tunnel. Elle montait avec son bébé dans sa poussette et n'a pu arriver assez tôt à Lescale pour avertir les jeunes qui devaient remonter vers le maquis.

Le bruit de fusillade a fait sortir tout le monde de l'église où étaient célébrées les vêpres. Fumée d'explosion des grenades, rafales de mitraillettes et plus rien.

Des cris ont été entendus, Mme Carbou " Mon Jeannot était dans la voiture""

Marie- Jeanne monte avec le grand-père de Jean à travers les champs et les talus vers le Capella. Lorsqu'elle arrive le curé Latorre venu en vélo était déjà là et redescendait au village pour organiser le transport funèbre. Elle aperçoit deux corps inertes sur le côté gauche de la route de part et d'autres d'un passage busé. Elle reconnaît Jéjé et Jean. JéJé gisait les bras en croix adossé au talus. Jean avait un trou au front , ses bras et jambes étaient en lambeaux.

La mère  de Jean  arrive ensuite rapidement. Les corps sont chargés sur un chariot et ramenés vers le village."

 

Nuit du 6 au 7 août 1944

Extrait du discours de Marius Olive le 1 août 1999

"Pendant la nuit un parachutage massif a lieu sur le terrain de Picaussel, 5 avions viennent y décharger leur cargaison. Alors qu'ils tournent au-dessus de la plaine de Puivert ils sont pris à partie par la DCA ennemie et ripostent à la mitrailleuse.

Puivert vit une vraie nuit de guerre."

 

 Gaston Maugard confirme  et précise que le PC allemand était installé aux Arnoulats hameau de Puivert

 

7 août 1944

Extrait de l'interview de Suzanne Bennes épouse Deloustal

Les troupes allemandes sont arrivées en masse à Lescale avec camions et matériels de guerre. Un canon est placé à l'entrée du village et un autre devant la maison Carbou. Les maquisards ont riposté, il y a des pertes côté ennemi. Le village  a été pillé, linge, nourriture...

Recherche de présence dans certaines maisons, Louis Plantier échappe de justesse, Louise Carbou a défendu l'entrée de la chambre où était son fils. Le corps de Jéjé a été frappé avant qu'une voisine intervienne.

 

Extrait du discours de Marius Olive le 1 août 1999

« Le 7 au matin, le détachement de la 11 iem Panzer fait mouvement et investi Lescale . Une base de départ est installée sur l'emplacement actuel de l'école  Soutenues par des tirs d'artillerie les colonnes allemandes s'élancent à l'assaut du Maquis. Elles seront refoulées. Toute la journée des troupes de soldats après avoir enfermé les habitants dans une pièce de la maison fouillent consciencieusement les granges à la recherche de maquisards, car la rumeur publique avait associé Lescale et le Maquis."

 

"Les allemands attaquent le maquis à partir de Lescale et du Col de la Babourade en convergeant vers le tunnel lors du premier assaut, ils devront se replier devant l'équipe qui défend le passage. Le deuxième assaut de l'infanterie allemande se fera à partir de Lescale par la face nord. Elle sera repoussée et laissera de nombreux morts sur le terrain." 

 

« En fin de journée, devant la menace d'encerclement qui se précise et que les renseignements extérieurs confirment, les chefs du Maquis décident d'évacuer le camp. »

 

Gaston Maugard.

« Attaque du Maquis dès le lever du jour.

Une colonne allemande avec armes lourdes se déplace jusqu'au  tunnel et installe un canon.

De Puivert par Cambonnaure la troupe en chenillettes se porte vers Lescale pour attaquer le Maquis par le Bois des Rives »

 

Nuit du 7 au 8 août 1944

Extrait du discours de Marius Olive le 1 août 1999

« Repli du maquis de Picaussel ( 350 hommes), dans un premier temps sur Rodome ensuite sur Quérigut. Ce repli s'effectue sans pertes humaines et sans abandonner d'armement et de matériel. L'encerclement est complet deux heures après le départ des derniers maquisards. Dès le 12 août le Maquis reprendra le combat jusqu'à la libération de Carcassonne. »

 

Le groupe de combat du sergent- chef ILHAT se replie sur Ste Colombe- sur- l'Hers. Il deviendra le noyau du groupement FFI de Ste Colombe où viendront se joindre, les jours suivants des jeunes gens des environs immédiats; Julien Carbonneau (alias Albert) absent de Picaussel lors des combats des 6, 7 et 8 août prendra le commandement du  détachement de Ste Colombe après le 8 août. Composé de 80 hommes environ qui reliera le Maquis de Picaussel le 17 août 1944 et deviendra la 2e. Cie du 81 RI.

 

- 8 août 1944

La deuxième attaque allemande contre Picaussel sur des directions convergentes appuyée par des chars , porte dans le vide. Plus de 300 hommes conduits par le chef de camp et son adjoint sont sortis de la nasse.

 

Extrait du discours de Marius Olive le 1 août 1999

 « Le 8 au matin après une intense préparation d'artillerie l'ennemi lance plusieurs attaques convergentes et pénètre dans un camp vide de ses occupants. Il passe la journée à fouiller le terrain, les bâtiments qui abritaient les maquisards, puis à tout casser et incendier ».

 

La métairie, poste de commandement, après l'assaut allemandLa métairie, poste de commandement, après l'assaut allemand

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Extrait de l'interview de Suzanne Bennes épouse Deloustal

"Le mardi 8 il a fallu enterrer les morts, les habitants du village ont assisté aux funérailles autour de deux cercueils. "

"En fin d'après midi nous avons vu la fumée monter du Maquis, nous étions très inquiets car nous ne savions rien de nos maquisards "

Gaston Maugard nous dit que M. Grassaud maire de Puivert a insisté pour faire apporter les bières. Les fosses ont été creusées par un oncle de Jean Carbou M. Chauvet de Campmarcel.

 

9 août 1944 Lescale brûle

Extrait de l'interview de Suzanne Bennes épouse Deloustal

« Le 9 août après le passage des gendarmes venus voir l'ampleur des dégâts: armoires vidées, du linge, plus ou peu de nourriture, tout saccagé, les premiers camions allemands arrivent vers 10h »

 

Cette journée et les jours suivants, pour les habitants de Lescale,  sont traités dans l'histoire du hameau  - de son origine à 1955

 

 Extrait du discours de Marius Olive le 1 août 1999

«  Le 9 au matin Lescale est à nouveau investi, les habitants chassés de leurs maisons avec  brutalité et tous les bâtiments incendiés. »

 

Nuit du 12 au 13 août 1944

Embuscade sortie sud de Formiguères (PO) sur la RN 118 contre une colonne allemande venant de Puyvalador et ralliant Mont Louis. Perte ennemie 6 morts. Pertes amies néant.

Butin considérable. 2 véhicules allemands et 1 projecteur détruits.

 

16 août 1944  Libération de la Vallée de l'Aude ( Pris note de cette information aux Archives Départementales de l’Aude)

 

17 août 1944

Embuscade des gorges d'Alet ( aval d'Alet) pertes amies 4 morts dont le chef de mission Charles Bournet, entraîne la chute du dépôt d'armée de Couiza- Montazels et de sa garnison les 18-19 août 1944.

 

22 août 1944: Limoux destruction d'une colonne allemande. 54 prisonniers- butin considérable- perte amie néant.

 

23 août 1944

Participation du Maquis à l'occupation de Carcassonne.

Cérémonie au monuments aux Morts à l'occasion de la libération de Puivert.

 

 24 août 1944

Combat de Villagalhenc ( mission Allaux) pertes amies 4 morts dont 2 de Picaussel.

 

25 août 1944

Libération de l'Aude

 

26 août 1944

. Le drapeau du Maquis de Picaussel s'incline devant le monument aux Morts de Puivert.

Jules Jourda, président du Comité de Libération, chargé d'administré la commune,  prononce son discours en présence de Lucien Maury et de Marius OliveJules Jourda, président du Comité de Libération, chargé d'administré la commune, prononce son discours en présence de Lucien Maury et de Marius Olive

 Monsieur ......prononce son  discours
Monsieur ......prononce son discours

 

 

 

 Après la libération du département de l'Aude, le Maquis de Picaussel, avec l'appoint de nombreux jeunes qui l'ont rejoint pour continuer le combat, a constitué deux unités de volontaires, la 7 ème Cie du 80 RI ( Capitaine Olive) et le 1er Bataillon du 81 RI ( Capitaine Maury) qui ont rejoint la 1er Armée Française en Alsace.

 

1

 

            Lieux de mémoire situés sur le territoire des communes de Puivert et de Belvis

 

             Dans son discours lors de l'inauguration de la plaque commémorative de l'incendie du hameau de Lescale le 1 août 1999 le Colonel                Marius Olive rappelle en introduction ces lieux de mémoire.

                - La stèle à la mémoire du jeune Escriva, tué le 6 août 1944 au col de la Babourade, alors qu'avec son groupe il rejoignait Vira                     en  Ariege

                - La stèle à la mémoire de Jean Carbou et Joseph Lebret, enfants de Lescale tués à un kilomètre du hameau, alors qu'ils rentraient                   d'une mission de reconnaissance.

                -Le sentier du maquis, réaménagé en 1991, emprunté par des randonneurs et surtout par les visiteurs du Mémorial du maquis.

                - Le Mémorial du maquis réalisé en 1994 par une équipe de l'Amicale des Anciens du Maquis renforcée par les employés municipaux                 de Puivert et de Belvis et grâce à plusieurs subventions et dons.

                - La plaque commémorative de l'incendie du hameau dévoilée le 1 août 1999.

 

                   Marius Olive terminait son discours par cette phrase,

                                            " Sans Lescale, le Maquis de Picaussel n'aurait peut-être pas existé."

 

                - Enfin nous rajouterons à cette liste pour pérenniser et compléter le souvenir des événements survenus à Lescale et dans ses environs                 de 1943 et 1944, la Baraque du Souvenir inaugurée  le  7 août 2011. 

 

            

 

                                                                 Sources pour l'établissement de cet historique.

 

-          Fiche pour l'information de l'office national des AC et VG. du 29 juin 1979  signée par le Colonel Lucien  Maury et le Colonel Marius Olive.

-          L’ouvrage « Le maquis de Picaussel » par Lucien Maury

-          La  Résistance Audoise Tome 1 et Tome 2  par Lucien Maury

-          Opuscule réalisé, à l’occasion du cinquantenaire de la libération de l’Aude, par l’amicale des Anciens du Maquis de Picaussel.

-          Discours du Colonel Marius Olive le 1 août  199, inaugurée9 lors de l'inauguration de la plaque commémorative de l'incendie du hameau

-          Document écrit de Joseph Plantier du 7 août 2000

-          Lettre du 9 février 1994 de Marie- Jeanne Bigou épouse Moulard à M. Jourda Maire de Puivert

-          Documents et croquis de Gaston Maugard. 

-          Interview de Suzanne Deloustal par le CRDP de Montpellier

 

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